Ces petites capitalisations qui sortent gagnantes de la pandémie

Si les GAFAM et autres géants de la tech ou de la pharmacie ont obtenu les faveurs des marchés en 2020, certaines petites valeurs européennes ont également su tirer leur épingle du jeu, surperformant les plus grands titres. Ainsi, l’indice Emix Smaller European Companies a progressé de +7.3% sur l’année, à comparer avec une baisse de -2% pour le Stoxx600. Tour d’horizon de quelques gagnants de la crise sanitaire.

Le confinement bénéficie à la pêche de loisir

Comme tous les commerces jugés non essentiels, les magasins d’articles de pêche ont dû fermer leurs portes au printemps dans de très nombreux pays, avec un impact négatif initial sur les ventes. Mais il est rapidement apparu que le confinement n’avait pas seulement poussé les gens à bricoler, à jouer à des jeux vidéo ou à jardiner. En effet, la pêche a également connu un fort engouement et les ventes de matériel ont enregistré des ventes records. Avec du temps à revendre entre deux vidéoconférences, nombreux sont les pêcheurs occasionnels qui ont redécouvert les joies de ce plaisir essentiellement solitaire et pratiqué loin des foules. Un nouveau public plus jeune, friand d’activités en plein air, a également cédé aux sirènes des cannes, lignes et autres appâts. Rapala VMC, le fabricant finlandais d’articles de pêche, a ainsi connu une excellente année, ce qui s’est traduit par une progression de +57% de son cours en bourse en 2020. Après la fusion avec le fabricant français d’hameçons VMC, la société est aujourd’hui le leader mondial du secteur des appâts et des hameçons. Après des résultats décevants ces dernières années, un nouveau CEO ayant fait ses preuves dans la redynamisation des marques de biens de consommation courante a été nommé en début 2020, et il entend bien capitaliser sur la force de la marque afin de générer une croissance substantielle des revenus, développer la gamme de produits en y ajoutant les cannes et les moulinets et accroitre la rentabilité. Délaissée par les analystes comme de nombreuses petites capitalisations, Rapala reste encore sous-évaluée, avec un ratio P/E de 8x les bénéfices estimés pour cette année, et la publication de leurs résultats annuels le mois prochain devrait réserver de bonnes surprises.

Faute de vacances à la mer, on profite de sa piscine…

En parallèle, le confinement et les contraintes sur les voyages ont conduit de nombreuses familles à utiliser plus largement leurs piscines existantes ou à se lancer dans la construction d’un bassin dans leur jardin. Les professionnels du secteur se frottent ainsi les mains, avec des carnets de commande pleins jusqu’à l’été 2021. Le pisciniste espagnol Fluidra a logiquement été l’un des grands gagnants de cette tendance lourde, avec une progression de +74% sur l’année. Les synergies rendues possibles par la fusion avec Zodiac ont entraîné une amélioration des marges et la forte croissance des ventes devrait permettre aux bénéfices de continuer à croître cette année. Redécouverte comme une société à la croissance robuste, grâce à sa forte part de marché au niveau mondial, ses marges solides, sa génération de cash et la forte proportion de ses revenus tirés de son activité récurrente d’entretien de piscines, Fluidra devrait voir son titre bénéficier d’un regain d’intérêt.

… Et on spécule en bourse

Enfermés chez eux et s’ennuyant ferme, nombreux sont ceux qui en ont profité pour se lancer dans l’investissement en bourse. La facilité d’utilisation des sites de trading, les marchés bien orientés qui ont facilité les premiers pas, ainsi que le boom du bitcoin ont ainsi permis à la banque en ligne suisse Swissquote de connaître un excellent exercice 2020, avec une progression de son cours en bourse de +80%. Pendant longtemps considérée comme un simple trader en ligne pour des petits spéculateurs suisses, la société a longtemps été ignorée par le marché. Pourtant, Swissquote est une fintech très dynamique qui s’étend en Europe et en Asie et offre depuis quelque temps un service bancaire en ligne qui convainc de plus en plus de petites institutions financières internationales. Elle est également l’un des pionniers dans les transactions en cryptomonnaies et détient une forte part de marché dans ce domaine aux marges  très élevées. Elle devrait donc voir sa profitabilité augmenter fortement grâce aux niveaux records atteints par le Bitcoin. La société vient d’ailleurs d’annoncer qu’elle allait dépasser ses objectifs des revenus et de bénéfice estimés pour 2020.

Des entreprises familiales qui redeviennent privées

On le voit, c’est souvent à tort que les valeurs dites secondaires ont été écartées au profit de grands noms dont les valorisations stratosphériques devraient pourtant inciter à la prudence. Pour des investisseurs qui préfèrent les entreprises se traitant à des prix plus raisonnables tout en présentant des perspectives de croissance solide, les petites capitalisations offrent un potentiel attrayant. A ces facteurs fondamentaux, on peut ajouter un élément positif supplémentaire. En effet, étant donné que ces sociétés se traitent souvent bien en dessous des multiples atteints dans des transactions de private equity, qui sont actuellement de l’ordre de 12x l’EBITDA du fait de la surenchère à laquelle se livrent les fonds spécialisés, de nombreux actionnaires familiaux choisissent de décoter leur entreprise en rachetant la totalité du capital. C’est notamment le cas de la famille propriétaire de Sonae, une holding portugaise qui gère des supermarchés, qui a racheté les titres dans le public avec une prime de 40%. Cette tendance à la privatisation devrait s’accélérer en 2021.