Comment appréhender 2023 ?

Le contexte de début d’année est favorable aux marchés actions et obligataires car il intègre un mix favorable : poursuite de la désinflation, perspective de pause prochaine de la Fed et anticipation d’une reprise vigoureuse en Chine suite à l’abandon de la stratégie Zéro-COVID.

Une perspective de type « Goldilocks »

En début d’année, il est toujours tentant d’extrapoler les tendances récentes. L’expérience montre cependant que les évolutions infra-annuelles ne sont que rarement linéaires.  Ainsi, il est probable que les économistes révisent à la baisse leurs prévisions d’inflation et que les chiffres des prochains mois, alimentés par la reprise chinoise, soient plus décevants.

Au-delà du court terme, il y a néanmoins des points positifs

D’abord en notant qu’en dépit de tous les chocs qu’elle a subis, l’économie mondiale a bien résisté en 2022.  Il n’y a pas eu de récession sévère. Pourquoi ?  D’abord la qualité des bilans des entreprises (résistance des profits) et des banques a constitué un vecteur de résistance très forte des dépenses des entreprises pour le recrutement et l’investissement. L’emploi mondial a ainsi dans l’ensemble continué de progresser. Parfois, les mesures de soutien public ont été substantielles, notamment en zone euro et en Chine. Enfin, la consommation de biens semble avoir réagi à la détente de l’inflation du prix des matières premières (depuis l’été dernier) ainsi que des biens grâce à la considérable amélioration au niveau des chaînes d’approvisionnement mondial.

2023 sera une année plus « calme » que 2022

Il faut ajouter que l’année sera moins chargée que 2022 en chocs négatifs : géopolitique, inflation, durcissement monétaire, difficultés sanitaires en Chine.

2022 a évidemment constitué de ce point de vue une année exceptionnelle. Sur le strict plan des marchés, elle a été avant tout marquée par une baisse à la fois des marchés actions et des marchés obligataires. Cette situation ne s’est présentée que 13 fois sur les 150 dernières années aux États-Unis. On retiendra également la forte volatilité des marchés (sur les taux plus que les actions), l’effondrement des cryptoactifs et, en revanche, le retour en grâce du monétaire, des produits sans risque (contrats en euros), la performance des matières premières et des grands actifs refuge que sont le dollar américain, le franc suisse et l’or (en euros).

Il faut dire que le contexte a lui-même été exceptionnel. Un double choc d’offre stagflationniste (ruptures des chaînes d’approvisionnement post-COVID et guerre d’Ukraine) qui s’est traduit notamment par une envolée du prix de matières premières qu’on n’avait pas vue depuis 50 ans et un resserrement monétaire dont l’intensité était également inédite depuis 40 ans. Derrière tout cela se trouve bien sûr la situation géopolitique. Nous avons assisté à la guerre la plus profonde sur le sol européen depuis 1945 avec la plus grave menace nucléaire depuis 1962, après une initiative prise par la 3ème puissance militaire, grande puissance nucléaire et membre permanent du Conseil de Sécurité.

Parallèlement, les difficultés sanitaires de la Chine alimentées par le maintien de la stratégie du Zéro-COVID, ont lourdement pesé sur la croissance mondiale, comme on l’a évoqué plus haut.

Tout cela est en grande partie derrière nous.

Quelles perspectives ?

Pour le marché actions américain : une valorisation absolue un peu excessive, une prime de risque assez confortable, un positionnement modéré, un sentiment de marché assez neutre et un momentum de révisions de BPA probablement encore quelque peu négatif. Bref, rien de très emballant.

Mais plus que la tendance directionnelle, 2023 devrait être marquée par un retour d’attractivité vers des stratégies perdantes antérieurement : la tech américaine et chinoise, les small caps européennes, les Chinese plays, la dette émergente, …

Les indicateurs les plus importants à surveiller seront évidemment les chiffres d’emploi et d’inflation, les discours des banques centrales, les données relatives à la reprise en Chine. En ne négligeant surtout pas les évènements liés au conflit en Ukraine.