Infrastructures de télécommunication : quelles dynamiques dans l’environnement actuel ?

Aux côtés des énergies renouvelables, les installations de télécommunication représentent le sous-secteur le plus dynamique de l’univers d’investissement des infrastructures. Grâce à un soutien gouvernemental massif, il offre de nombreuses opportunités, même si les différents actifs présentent des dynamiques disparates.

Un segment particulièrement résilient

On entend par infrastructures de télécommunication des dispositifs tels que les câbles de connexion, les tours de réseaux téléphoniques, les satellites et les data centers. A l’échelle mondiale, si l’on retient les groupes dont la capitalisation boursière est supérieure à USD 1 milliard, cela représente environ 180 entreprises. Ces actifs comportent de fortes barrières à l’entrée : parts de marché locales élevées, investissements massifs dans la technologie, espace bâtissable, délais de construction, autorisations des pouvoirs publics et coûts d’entretien.

Les infrastructures de télécommunications représentent un segment particulièrement résilient. En effet, la demande pour ces actifs est principalement tirée par la consommation croissante de données (progression de la 5G, vidéos en ligne, cloud etc.). De plus, l’industrie jouit très majoritairement de contrats ayant des prix indexés sur l’inflation et le prix de l’énergie utilisée pour alimenter les installations.  Un business model peu risqué, décorrélé des cycles économiques et particulièrement apprécié en période de crise. Les tours de réseau, par exemple, présentent une dynamique extrêmement stable : louées aux opérateurs téléphoniques avec une garantie à long terme (10 à 20 ans) avec une clause de renouvellement « all or nothing ». La base de coûts fixes de ces actifs leur permet de générer des retours sur capitaux croissants avec le nombre de stations émettrices placées sur chaque tour. La concentration de ces secteurs vient de plus consolider leur résilience par des bilans plus solides. Dans les pays développés, on peut compter une dizaine d’opérateurs de tours téléphoniques ou de data centers et 5 opérateurs satellites.

Une redistribution des risques et un marché disparate

La fluctuation des prix de l’énergie et des matières premières, affectés par des chocs d’offre, exercent également des pressions sur ces marchés. En outre, la hausse des taux complique la rentabilité des projets. La forte appréciation du dollar constitue un dernier élément préjudiciable pour les entreprises américaines sur les marchés internationaux.

En plus de ces facteurs macroéconomiques, les cartes d’une partie l’industrie sont rebattues par des évolutions structurelles. Le développement de modes alternatifs de consommation affecte certains actifs, par exemple la télévision par satellite, concurrencée par la vidéo à la demande en ligne. On constate de même des hausses de coûts pour les data centers, dont l’approvisionnement en électricité représente plus de 20% des charges opérationnelles. Ces augmentations de charges sont cependant contractuellement refacturées aux clients.

Des marchés concentrés

Malgré un dollar fort, les grands groupes américains maintiennent leur influence, notamment sur les réseaux mobiles, les data centers et le câblage. Citons à cet effet Google, Meta, Amazon et Microsoft, qui détiennent une grande partie des câbles sous-marins transcontinentaux, aux côtés de grands opérateurs téléphoniques.

Parallèlement, les secteurs des data centers et des tours télécoms se sont grandement consolidés au cours des dernières années, sous l’impulsion des fonds de private equity, très friands de ces actifs de croissance bénéficiant d’une forte visibilité. Cela explique ainsi que l’univers d’investissement coté est relativement réduit, mais demeure l’un des sous-secteurs les plus attractifs du marché des infrastructures.