Japon : la deuxième étape du marché haussier se dessine en 2023

La première étape de la remontée discrète des actions japonaises est maintenant solidement établie et il y a désormais des indications sur (quel serait) le catalyseur qui pourrait mener la deuxième phase du marché haussier en 2023 et au-delà.

La raison simple qui explique la première phase du marché haussier est le transfert de richesse – rare puisqu’il n’a lieu qu’une seule fois par génération – des bilans des entreprises vers les investisseurs. Ses origines remontent à 2009, après le crash de Lehman. Les banques japonaises ont forcé les grands conglomérats japonais très endettés à se restructurer pour améliorer leur trésorerie. À partir de 2011, le gouvernement a encouragé la consolidation du secteur, ce qui a permis aux leaders du marché national d’améliorer leur part de marché et leur rentabilité. Aujourd’hui, en 2022, ces deux facteurs sont encore très présents, avec une restructuration post-covid axée sur les gains de productivité grâce à la technologie et sur la réduction de la gamme de produits, tandis que la consolidation s’accélère en raison des problèmes financiers des PME. Pour les investisseurs, cela a conduit à un environnement parfait dans lequel la hausse des fonds propres est restituée aux investisseurs par le biais de dividendes plus élevés et de rachats d’actions. Les entreprises rendent ainsi plus de 10% par an aux actionnaires et, dans des cas extrêmes, les rachats d’actions ont atteint 40% du capital social en circulation. Le rendement des dividendes reste ainsi supérieur au taux d’inflation. Les dirigeants d’entreprise ne peuvent pas se laisser aller à l’autosatisfaction, car une nouvelle race d’activistes est sur le sentier de guerre, des sociétés internationales de private equity sont acheteuses de sociétés entières ou de divisions spécifiques, ce qui permet aux dirigeants d’améliorer le Retour sur capital investi et la rentabilité des fonds propres. Le seul ingrédient manquant a été une participation significative des investisseurs étrangers, qui s’explique en partie par la faiblesse du yen et la méconnaissance de l’ampleur des changements intervenus sur une décennie au niveau des entreprises.

La deuxième étape du marché haussier va commencer à apparaître clairement en 2023 pour de multiples raisons. Ainsi, la réouverture accélérée de l’économie japonaise post-COVID entraînera le retour des touristes étrangers qui avaient dépensé USD 19 milliards en 2019. Par ailleurs, la relocalisation des entreprises entraîne une forte augmentation des dépenses d’investissement dans le pays, avec la construction de nombreuses nouvelles usines. Enfin, le facteur le plus important concerne un changement probable de la politique monétaire en raison de signes réels d’une inflation domestique soutenue. Ce changement de politique devrait améliorer les niveaux de consommation et, surtout, entraîner une appréciation du yen, permettant ainsi aux investisseurs étrangers de faire des gains monétaires. Les origines de cette inflation soutenue sont encore très mal comprises à l’étranger et amèneront les stratèges macroéconomiques, aujourd’hui presque tous négatifs sur le Japon, à revoir radicalement leur position de manière positive.

Le Japon offre toujours les valorisations d’actions les plus attrayantes de la plupart des marchés développés. Où d’autre peut-on acheter des sociétés avec des liquidités nettes et des flux de trésorerie positifs, à des multiples de 1x l’EBITDA ? Les dividendes vont continuer à augmenter, tout comme les rachats d’actions. Le capital social en circulation se réduit en permanence, en raison des rachats et des annulations de titres. La Banque du Japon ne vendra pas d’actions et aucune pénurie d’énergie matérielle n’est à craindre.

Enfin, une période d’appréciation du yen provoquera le retour des étrangers, qui seront confrontés à une offre d’actions de plus en plus réduite.