Japon : Perspectives pour 2023

Nos perspectives pour 2023 sur le Japon peuvent se résumer en 6 grandes tendances:

  1. L’appréciation du yen se poursuivra après de nouveaux changements de politique monétaire
  2. L’économie domestique devrait être soutenue par des investissements à grande échelle et une production automobile revenant à la normale, avec une réouverture progressive de l’économie et une hausse du tourisme
  3. L’appréciation du yen et le redémarrage du nucléaire réduiront l’inflation induite par les coûts
  4. On s’attend à ce que de nombreuses entreprises, mais pas toutes, compensent la croissance des salaires par des réductions de coûts
  5. Les dirigeants d’entreprise continueront à se concentrer strictement sur les marges et les cash flows, ainsi qu’à maintenir les rendements des actionnaires
  6. Le Japon accélérera ses plans de dépenses de défense

Implications pour le marché boursier

Nous ne pensons pas que l’appréciation du yen – plus probable au second semestre 2023 – et la voie de la normalisation de la politique monétaire profiteront à toutes les entreprises. Des distinctions claires apparaîtront entre celles qui contrôlent durablement leurs prix de vente et les entreprises qui sont dans des positions plus faibles. Ces dernières seront poussées à accorder des rabais à mesure que les coûts des composants diminueront visiblement. Le secteur financier, en particulier les banques, reste le bénéficiaire probable du resserrement monétaire et notre visite à la Chiba Bank – que nous détenions déjà – a souligné les perspectives prometteuses des banques dont le modèle Fintech fonctionne parfaitement. Pour les fabricants, la baisse des coûts énergétiques nationaux et le renforcement du yen réduiront sensiblement les coûts des composants, même si, au niveau mondial, l’impact sera dilué étant donné la baisse des revenus en yens. Dans de nombreuses industries tournées sur le marché domestique, on peut s’attendre à une légère reprise générale avec la réouverture complète de l’économie, qui sera plus que compensée par l’accélération de la consolidation industrielle. Lors de notre récent voyage au Japon, nous avons pu constater, même dans le centre de Tokyo, le nombre de petits commerces qui avaient fermé leurs portes.

Nous gardons l’espoir de pouvoir persuader davantage de sociétés d’adopter nos propositions de dividendes à deux niveaux. Compte tenu des rendements de dividendes annuels potentiels de près de 10% dans certains cas, la réaction des marchés boursiers devrait être très positive. Encore une fois, cela convient parfaitement à nos investissements préférés qui génèrent des flux de trésorerie très importants et durables.

L’activité de private equity ne montre aucun signe de ralentissement et est d’ailleurs bien accueillie par les entreprises japonaises, car elle fournit un bassin de capitaux pour acheter des actifs non essentiels. Les achats à grande échelle, tels que celui de Toshiba, seront toutefois plutôt l’exception que la norme. Le démembrement plus direct des actifs au bilan par les activistes ralentira à mesure que les opportunités deviendront plus limitées, mais la pression constructive exercée dans les salles de conseil sur la stratégie et les rendements restera une caractéristique durable.

Ayant participé à plus de 200 réunions d’entreprises en 2022, nous n’avons pas l’impression que les dirigeants relâchent leur attention sur l’amélioration des rendements opérationnels et, dans ce sens, une certaine appréciation du yen ne fera que renforcer leur vigilance. Au cours des prochaines années, nous pensons que l’amélioration la plus frappante proviendra de l’augmentation de la productivité de la main-d’œuvre, en partie grâce aux initiatives technologiques lourdes actuelles, communément appelées stratégie de transformation digitale.

Dans un monde troublé, certains attributs tels que des bilans non endettés et riches en liquidités offrent aux entreprises japonaises des options qui font l’envie de nombreuses entreprises du monde occidental. Il en va de même pour le potentiel dont elles disposent en matière de décisions d’investissement et de rendement pour les actionnaires. Les valorisations restent pour la plupart faibles par rapport aux autres marchés développés.

Mon anecdote préférée concernant cette valeur en 2022 se rapporte à une réunion avec une entreprise nipponne dont nous sommes actionnaires. Le président m’a demandé : « Kimber-san, pourquoi achetez-vous nos actions ? »

« Eh bien », ai-je répondu, « vous possédez 3 entreprises avec des perspectives de croissance et de consolidation pour lesquelles vous êtes leaders du secteur et vous générez des rendements élevés, votre rendement de vos flux de trésorerie est supérieur à 10%, votre bilan a des niveaux de trésorerie nette élevés et votre multiple EV/EBITDA est de 2X ! »

Ce n’est pas une garantie totale de gagner de l’argent, mais ces cas présentent un profil risque/rendement absolu favorable. Bien qu’elle se situe parmi les plus faibles valorisations, cette participation dans le fonds symbolise bien les sociétés que nous recherchons pour notre portefeuille et souligne notre optimisme sous-jacent quant aux rendements futurs.