Inflation et taux d’intérêt : Quelles implications pour les infrastructures ?

Suite aux confinements généralisés de mars 2020, l’inflation mondiale a d’abord chuté fortement avant de rebondir une fois que les restrictions liées au COVID ont progressivement été levées. Et bien que l’inflation (et la montée des taux d’intérêt qu’y s’ensuit) pourrait peser à court terme pour les marchés boursiers, la hausse des prix est généralement positive pour les sociétés d’infrastructure, dont les contrats prévoient habituellement une adaptation des prix à l’inflation.

A la suite des confinements mondiaux de mars 2020, l’inflation mondiale s’est effondrée pour ensuite rebondir une fois que les restrictions liées au COVID ont été progressivement levées. Cette situation s’explique par une confluence de facteurs, notamment une reprise économique mondiale rapide, un fort rebond des dépenses de consommation, des goulots d’étranglement dans la chaîne d’approvisionnement dus à la pandémie et à la reconstitution des stocks, et un resserrement des marchés mondiaux de l’énergie.

En conséquence, l’inflation annuelle est montée en flèche, passant de -0,3 % en décembre 2020 à 5,0 % en décembre 2021 dans la zone euro. Sur la même période, le CPI a bondi de 1,4 % à 7,0 % aux États-Unis. Bien que certains préfèrent se concentrer sur une mesure plus étroite de l’inflation corrigée des éléments les plus volatils (principalement l’énergie et l’alimentation), il convient de noter que l’indice global est une meilleure mesure de l’impact de l’inflation sur les entreprises et les consommateurs.

Depuis un an, ces niveaux d’inflation plus élevés ont été qualifiés de « transitoires » par la plupart des banques centrales. Cependant, alors que ces derniers persistent, la Fed a récemment changé de position et a non seulement décidé de réduire la quantité d’obligations qu’elle achète chaque mois, mais a rapidement annoncé un doublement de cette réduction et a laissé entendre que les taux pourraient être relevés dès mars 2022. Bien que la plupart des membres du FOMC s’attendent à trois hausses en 2022, le marché vise désormais quatre hausses. La BCE, cependant, maintient sa position et une hausse des taux européens n’est pas attendue avant 2023.

Le changement de discours de la Fed a provoqué une forte baisse des marchés en ce début d’année 2022. Cela a été particulièrement vrai pour les valeurs de croissance dont les valorisations sont plus sensibles à une hausse des taux.

À plus long terme, cependant, cela n’est pas nécessairement une mauvaise nouvelle pour les marchés boursiers. Les marchés peuvent performer lorsque la banque centrale américaine augmente les taux, comme nous l’avons vu dans la plupart des cas précédents ainsi que la dernière fois que la Fed a réduit son bilan. Si l’on considère les périodes précédentes de relèvement des taux, il semble probable que les marchés boursiers connaissent des périodes de consolidation à court terme, tout en affichant des performances relativement bonnes à plus long terme.

Néanmoins, ce qui est différent cette fois-ci, est le rythme du retournement. Entre 2013 et 2017, la Fed a annoncé la réduction des achats d’obligations près de deux ans avant d’augmenter ses taux directeurs, et quatre ans avant le début de la réduction de la taille de son bilan. Cette fois, il semble que le tapering aura lieu moins d’un an après son annonce. La clé sera donc de savoir si la Fed est capable de gérer les hausses de taux imminentes mieux qu’elle ne l’a fait en 2013-2018, lorsque cela avait généré une panique sur les marchés, le S&P ayant plongé de 20 % au dernier trimestre 2018.

La hausse de l’inflation est normalement positive pour les entreprises d’infrastructure. L’une des principales caractéristiques de ce secteur est que ces entreprises bénéficient d’indexations de prix intégrées dans leurs contrats, qui sont soit liées à l’IPC, soit à une mesure de l’inflation propre au secteur. Par conséquent, les perspectives de bénéfices pour 2022 devraient s’améliorer pour ces entreprises, car les contrats sont réévalués au début de l’année.

Dans ce contexte de hausse des taux et d’inflation imprévisible à court terme, nous avons réduit notre exposition aux valeurs de croissance fortement valorisées, telles que les sociétés de tours de télécommunications et de centres de données. Nous avons réorienté l’allocation du portefeuille vers des sociétés plus cycliques, capables de générer une croissance des bénéfices supérieure, en ajoutant de nouvelles positions dans les secteurs du midstream et multisecteur.  Ces sociétés devraient bénéficier d’une inflation plus élevée, et leurs valorisations sont moins sensibles à la hausse des coûts du capital que les valeurs de croissance typiques.