L’année va-t-elle commencer par une correction de la bulle des marchés actions ?

Assistons-nous à la formation d’une bulle, voire d’un pic de bulle, suite au rallye des quatre derniers mois ? De fait, bien que 2021 ait vu une accumulation de mauvaises nouvelles, le S&P 500 n’a connu que deux légères consolidations lors du second semestre. Les ventes massives de ces derniers jours ne seraient-elles donc pas les premiers signes d’une tendance baissière plus profonde à l’horizon de 6 mois ?

De nombreux investisseurs nous demandent si nous croyons à la formation d’une bulle, voire d’un pic de bulle, suite au rallye des quatre derniers mois. De fait, bien que 2021 ait vu une accumulation de mauvaises nouvelles (multiplication des goulets d’étranglement sur les chaînes d’approvisionnement durant l’été, crise énergétique, inflation et surprises inflationnistes mondiales, inquiétudes marquées concernant la Chine, resserrement de la position de la Fed, envolée des contaminations et variante Omicron), le S&P 500 n’a connu que deux légères consolidations (-5,2% en septembre-octobre et -4% en novembre-décembre). Les ventes massives de ces derniers jours ne seraient-elles pas les premiers signes d’une tendance baissière plus profonde à l’horizon de 6 mois ?

Nous ne le pensons pas, même si les performances ajustées au risque seront évidemment plus faibles qu’en 2021 et surtout qu’au cours des 21 derniers mois. En effet, le positionnement des investisseurs américains reste agressif et notre indicateur structurel d’appétit pour le risque reste élevé, même s’il a légèrement faibli récemment. (De plus, il ne faut pas oublier que depuis le 23 mars 2020, nous avons assisté au plus fort marché haussier post-baissier depuis 1945).

Toutefois, il y a plusieurs raisons d’être prudent :

Premièrement, les valorisations absolues semblent élevées, avec des écarts types significatifs par rapport à la moyenne historique. Sur la base de cette mesure, le marché américain est clairement surévalué mais ne se trouve peut-être pas dans une bulle.

Deuxièmement, avec la hausse des rendements obligataires et l’accélération significative des marchés actions, la prime de risque des actions s’est contractée. Elle est pourtant nettement supérieure à la moyenne des 35 dernières années et beaucoup plus élevée qu’en 1998-2000.

Troisièmement, en période de « bulle », les actions représentant l’innovation technologique alimentent la majeure partie de l’embellie, surperformant ainsi les actions plus « traditionnelles ». C’est ce que nous avons observé à la fin des années 1990. En fait, cette caractéristique n’est pas particulièrement présente aujourd’hui. Certes, les valeurs technologiques ont fortement contribué à la performance du S&P 500. Cependant, cela ne fait que refléter leur poids accru dans les indices. Si l’on regarde la différence entre le nombre de valeurs en hausse et celles en baisse, il n’y a pas d’anomalie, contrairement à la fin des années 1990 où l’indice était en hausse, alors qu’il y avait plus de valeurs en baisse qu’en hausse. De même, il n’y a pas de différence majeure entre l’indice pondéré par le flottant et l’indice équipondéré.

En résumé, parler de bulle sur les marchés actions n’est pas pertinent et est source de confusion. Il y a probablement des bulles partielles dans des micro-segments, mais on ne peut pas en tant que tel dire qu’il y a une bulle généralisée.

Nous restons long sur les actions mondiales pour un horizon stratégique (six mois) pour les raisons évoquées précédemment :

  • Reprise de l’économie mondiale au deuxième trimestre après un premier trimestre morose
  • Prévisions de bénéfices par action légèrement supérieures aux projections des analystes aux Etats-Unis et en Europe
  • Prime de risque positive
  • Réserves de trésorerie des agents financiers et non-financiers
  • Le resserrement de la politique monétaire des banques centrales est de plus en plus pris en compte dans les prix.