Une entame d’assouplissement monétaire de la Fed constitue toujours un évènement mondial.
D’abord, en raison de son impact sur le cycle mondial. Avec plus de 30% de la consommation mondiale (en dollars), la demande américaine oriente à l’évidence l’évolution de la demande mondiale.
Ensuite, en raison de l’importance de la Fed sur les conditions financières mondiales. C’est particulièrement net pour les pays émergents. En effet, la Fed exporte ici en partie sa politique monétaire ; peg explicite ou partiel de change (ce qui permet aux banques centrales d’assouplir lorsque la devise locale s’apprécie contre dollar), impact sur les marchés de capitaux, canal de distribution du crédit international en dollars, réduction de la valeur en dollars de la dette extérieure, …
C’est particulièrement net aujourd’hui dans les grandes banques centrales asiatiques.
Mais c’est le cas aussi des grandes banques centrales du monde riche qui sont poussées à suivre (ou anticiper) les mouvements de la Fed via l’appréciation de leur taux de change ou bien tout simplement car les inflexions de la politique monétaire américaine supposent que le ralentissement de la conjoncture va nécessairement s’étendre.
Depuis juillet 2023, la Fed n’avait plus resserré sa politique monétaire. Et la décision d’assouplissement était anticipée pour 2024. Les grandes banques centrales avaient déjà entamé leur cycle de baisse (BCE, BoE, BoC, BNS en particulier). La seule exception est la BoJ, qui évolue à contrecourant (normalisation progressive dans un contexte macro-financier agité avec la variation brutale du yen en juillet dernier).
Au total, le solde mondial « hausses de taux directeurs vs baisses » a continué de baisser rapidement ces dernières semaines (voir graphique ci-dessous).
Il est, par ailleurs, évidemment intéressant de regarder ce qui se produit sur les marchés après une 1ère baisse de taux directeurs en étudiant l’expérience depuis 40 ans. Il convient de discriminer entre les périodes qui se sont caractérisées par une récession (la Fed étant alors behind the curve, comme en 2001 et en 2007-08) et les autres, qui sont majoritaires. Il faut savoir en effet que la Fed a déjà procédé au cours des 40 dernières années à des baisses de taux sans risque majeur de récession, et ce à 5 reprises (1984-86, 1987, 1995-96, 1998, 2019). Sans surprise, le bilan est négatif à 6 mois pour les actions en cas de récession et positif dans le cas contraire, sans que la performance soit exceptionnelle.
S&P 500 : évolution autour des baisses de taux identifiées depuis 40 ans
C’est assez logique car la tendance macro tend à se stabiliser, voire s’améliorer, lorsque la Fed n’est pas behind the curve. On le voit (voir graphique ci-dessous) à travers l’évolution de l’ISM manufacturier 6 mois après le début de l’assouplissement.
En termes sectoriels et de style d’investissement, la baisse des taux de la Fed est légèrement favorable à la tech, à la santé, aux valeurs de croissance (Growth/Value) et au S&P 500 vs Eurostoxx (en monnaie locale, mais pas en monnaie commune).
Pour le marché obligataire, la performance 6 mois plus tard est favorable, en récession (ce qui est logique) et hors récession (cf. graphiques ci-dessous).
T-Note 10 ans : évolution de la performance autour des baisses de taux identifiées depuis 40 ans
La baisse des rendements longs est évidemment favorable à l’amélioration des conditions financières et à la performance des actifs financiers et réels. Toutefois, en espérance ajustée du risque, le marché obligataire apparaît un peu plus attractif que les actions en général. Ce d’autant que la valorisation des marchés actions est actuellement élevée, la prime de risque basse et le positionnement des investisseurs agressif, avec un appétit élevé pour le risque.