Quelles perspectives pour l’Europe émergente ?

Le conflit en cours en Ukraine et ses répercussions restent le principal thème influençant les décisions lorsqu’on investit dans la région. Si cette situation a bien sûr des impacts sur les marchés mondiaux, ses conséquences dans la région sont plus nuancées.

Les facteurs négatifs, qui ont des ramifications mondiales, tels que la poursuite de la pression inflationniste, l’augmentation des risques/tensions géopolitiques et la perturbation des marchés mondiaux de l’énergie sont bien connus et documentés – nous ne voyons pas la nécessité de les réexaminer ici. S’il est clair que toute nouvelle escalade du conflit, impliquant de nouveaux pays, reste un risque majeur pour la région, il ne s’agit d’un risque certes peu probable mais dont les conséquences seraient importantes.

Des nouveaux fournisseurs de substitution sont apparus naturellement.

Cependant, la région est également particulièrement bien placée pour tirer certains bénéfices du conflit, qui ne sont peut-être pas aussi évidents que les inconvénients de portée mondiale. Ces avantages sont particulièrement pertinents pour les stratégies de sélection de titres actives et « bottom-up » telles que la nôtre – rappelons que notre stratégie consiste à investir dans des « sociétés » avant tout, et non dans des pays (dans un sens « top-down »). Un bon exemple est la façon dont l’Europe s’efforce maintenant de trouver des fournisseurs de substitution pour de nombreux produits de base qu’elle achetait auparavant en grandes quantités à la Russie. Il s’agit non seulement d’énergie, mais aussi, entre autres, de métaux et d’engrais. Les producteurs d’Europe de l’Est sont les bénéficiaires de cette tendance, car leur proximité géographique et la qualité souvent similaire à celles des produits russes font d’eux des fournisseurs de remplacement évidents.

L’afflux de réfugiés – notamment russes – en Pologne a profité à certains segments de consommation et à certaines entreprises.

Un nouveau thème émergent est l’exode de professionnels russes qualifiés vers la Serbie, qui a un impact significatif sur le marché immobilier et sur la consommation à Belgrade, en raison non seulement du nombre d’émigrés mais aussi de leurs revenus substantiels par rapport aux locaux. La Serbie a réussi à naviguer sur un fil ténu : il s’agit de ne pas contrarier la Russie, tout en améliorant lentement ses liens économiques avec l’Union européenne, grâce à un nouvel accord récemment signé avec le FMI. Le pays semble être un cas particulier, qui pourrait entraîner de fortes tendances d’investissement, même en cas de récession mondiale.

la reconstruction de l’UKRAINE sera source d’opportunités.

Au moment où le conflit prendra fin, le soutien international à la reconstruction de l’Ukraine sera probablement énorme et les entreprises régionales auront d’énormes opportunités à cet égard.

Ces opportunités se trouveront non seulement sur le marché des actions locales, mais aussi sur les actions étrangères ayant une exposition significative. Notre connaissance approfondie des entreprises de la région, dont beaucoup sont « orphelines » (c’est-à-dire ne sont suivies par aucun analyste), nous permet d’exploiter de telles tendances.

En conclusion, l’année 2023 permettra peut-être aux investisseurs dans la région d’identifier les opportunités d’investissement « bottom-up » découlant du conflit, plutôt que de se contenter d’en éviter les aspects négatifs, comme ce fut le cas après le début des hostilités.