Une période de turbulences en perspective

2022 ressemble actuellement à une formidable tempête : COVID en Asie, guerre en Ukraine, retour de l’inflation, récession. Les investisseurs n’ont que peu d’endroits où s’abriter, alors le flux quotidien de mauvaises nouvelles vient chahuter les marchés.

Les investisseurs sont partagés entre plusieurs scénarios négatifs et il est difficile de trancher entre les partisans d’un retour durable de l’inflation, d’une récession profonde ou d’un ralentissement durable de l’activité économique, ou encore ceux qui prévoient une période de stagflation destructrice (un phénomène rarement observé). Plus important encore, l’agression dramatique de l’Ukraine par son voisin et le contexte géopolitique catastrophique qui en résulte brouillent encore davantage les cartes. Compte tenu de ce niveau d’incertitude extrême, la plupart des investisseurs gardent désormais leurs munitions en réserve en attendant que la situation soit plus claire, tant en ce qui concerne le conflit que la direction de l’économie.

Privilégier la qualité plutôt que de faire des paris

Comme nous l’avons souligné à maintes reprises, très peu d’acteurs ont été capables de pratiquer le « market timing » avec succès et nous serions bien en peine de faire une prévision claire dans une quelconque direction. L’expérience nous montre néanmoins que la chance favorise les investisseurs de long terme et que ceux qui sont prêts à conserver des entreprises de qualité achetées au bon prix finissent par en profiter bien plus que ceux qui misent tout sur un scénario plutôt qu’un autre, surtout dans un contexte d’incertitude aussi élevé. Depuis très longtemps, nous préconisons d’adopter une vision à long terme et d’investir dans des sociétés de qualité qui sont capables de résister aux tempêtes.

Certains thèmes d’avenir restent porteurs

Par ailleurs, malgré un contexte extrêmement instable, quelques thèmes se dessinent et pourraient bien se révéler incontournables. L’accélération de la transition énergétique et les investissements massifs encore nécessaires dans les infrastructures à travers le monde, en sont deux exemples. Il s’agit de tendances structurelles qui se répercuteront sur l’économie pendant de nombreuses années et nous ne voyons aucun ralentissement des flux d’investissement massifs dans ces secteurs. Au contraire, la dépendance de l’Europe à l’égard du pétrole et du gaz russes devrait encore accélérer la transition vers un monde plus vert.

Cette thématique anticyclique est également vraie pour certaines économies d’Extrême-Orient. Par exemple, les entreprises japonaises poursuivent leur transformation en direction d’une plus grande valeur actionnariale, ce qui devrait permettre aux investisseurs actions dans ce pays d’obtenir des rendements plus stables. Cette évolution ne sera pas influencée par le débat entre inflation et récession. Un argument similaire peut être avancé pour la Chine et d’autres économies asiatiques, qui ne se trouvent pas au même stade du cycle économique. Comme ils essaient de relancer l’activité sur la base de politiques COVID très strictes, plusieurs pays sont susceptibles d’augmenter massivement leur soutien à l’activité économique. Cela entraînera une plus grande croissance des bénéfices et, comme les valorisations sont aujourd’hui inférieures à celles des marchés occidentaux, cela constitue une excellente opportunité pour les investisseurs avisés. Quoi qu’il en soit, éviter les gagnants des dernières années devrait être un exercice très profitable, car il est peu probable que les leaders de la dernière décennie produisent des résultats similaires à l’avenir, tant au niveau des titres que des secteurs et des zones géographiques.

Le retour annoncé de la gestion active

C’est probablement l’une des histoires les plus importantes des marchés financiers pour la décennie à venir : avec des taux d’intérêt maintenus artificiellement bas pendant plus de 10 ans, quelques sociétés de croissance sont devenues la coqueluche de la communauté des investisseurs. L’ascension fulgurante de sociétés telles que Apple, Tesla ou Amazon a permis des gains faciles sur les marchés. À mesure que ces grandes valeurs de croissance ont représenté une part de plus en plus importante dans les indices, l’investissement passif a fait fureur. Acheter un indice et répliquer le marché dominé par les FAANGS (à quelques lettres près…) était le chemin le plus facile vers la réussite financière. Avec un mantra d’investissement aussi simple, beaucoup prédisaient la fin de la gestion active. Les grands groupes de gestion passive concentraient la majorité, sinon la totalité, des entrées de fonds et les commentateurs prévoyaient la fin des boutiques d’investissement. Mais tout a une fin ! De fait, avec un monde plus incertain et une telle augmentation de la volatilité, les stratégies d’investissement sans jugement risquent fort à leur tour d’être remises en question et nous prévoyons une forte reprise du secteur de la gestion active. La capacité à sélectionner des actions avec succès, plutôt que d’acheter des titres sans discernement, sera le facteur clé de la réussite au cours de la prochaine décennie. Cela devrait rétablir un certain équilibre sur les marchés financiers et plaide en faveur de la diversification des gérants et du retour des boutiques d’investissement.

Chez Quaero Capital, nous continuons à croire en la gestion de portefeuilles concentrés et actifs. À l’aube d’un monde plus compliqué et d’un environnement d’investissement empreint d’incertitude, se concentrer sur un petit nombre d’investissements devrait donner de meilleurs résultats que de suivre passivement la foule.