Comment la géopolitique s’immisce-t-elle dans l’allocation d’actifs ?

Tout d’abord, il faut distinguer géopolitique et crise géopolitique. Par nature, la crise géopolitique est un facteur non quantifiable, non modélisable et non maîtrisable. Dans le cadre de l’allocation d’actifs, nous devons donc la considérer comme un facteur exogène. D’ailleurs et depuis toujours, elle figure en première place des risques « envisageables » par tous les stratèges et économistes, chaque trimestre, chaque année. En d’autres termes, il faut garder à l’esprit le risque géopolitique comme pouvant interférer à tout moment dans nos hypothèses et scénarios.

Garder la tête froide

Historiquement, le facteur « crise géopolitique » provoque plutôt un choc de marché à court terme (augmentation de l’aversion pour le risque, d’où re-corrélation et baisse des actifs risqués). A l’inverse de la crise financière, qui a, elle, un véritable effet « disruptif » sur les marchés et rebat souvent intégralement les cartes, il s’agit avec une crise géopolitique surtout d’un facteur émotionnel. Lorsque l’événement survient, il est donc important d’arriver à séparer l’humain du gérant ! Sans cynisme, les turbulences à court terme provoquées sur les marchés par une crise géopolitique sont souvent des sources d’opportunités, comme un écartement de spreads sur le marché obligataire ou une chute soudaine des marchés actions.

Un contexte géopolitique particulier ou l’émergence d’une crise géopolitique structure les marchés à plus long terme car il/elle s’accompagne de conséquences économiques et financières. Mais il est impossible de se prémunir contre le risque géopolitique lui-même. La meilleure « couverture » reste la diversification du portefeuille et une approche dynamique pour permettre de profiter des chocs de volatilité.

Des crises de plus en plus fréquentes

Il y a lieu de souligner que, depuis plusieurs années, nous nous trouvons dans une période où l’occurrence des crises géopolitiques a augmenté. En tant qu’allocataires, nous pouvons intégrer cet état de fait comme un environnement de marché globalement plus volatil et des périodes de re-corrélation entre les classes d’actifs plus fréquentes.

La séquence récente, le conflit entre Israël et le Hamas, n’est malheureusement « que » l’intensification d’un contexte géopolitique historique. Les conséquences économiques et financières dépendront certainement de l’extension ou non du conflit : soutien de certains Etats au Hamas, potentielles sanctions économiques et financières, etc. La variable d’ajustement est aujourd’hui essentiellement le pétrole. Enfin, cette montée des tensions au Moyen-Orient intervient dans une phase d’incertitudes macro-économiques (politique monétaire, « récession – stagflation – soft landing ? », ralentissement chinois), d’un contexte de marchés actions peu porteurs, et de publications de résultats. En conséquence, une certaine aversion au risque devrait s’installer pour quelques semaines, favorisant les segments les plus défensifs. Les conséquences en matière d’allocation d’actifs restent toutefois mineures comparées à celles découlant du conflit en Ukraine.