Le point sur la nouvelle Route de la Soie

L’ambitieux projet chinois de « nouvelle Route de la Soie » vise à construire des infrastructures de transport routier, ferroviaire et maritime, des réseaux électriques, des oléoducs et des gazoducs dans 78 pays en Asie, en Afrique et en Europe. Pourtant, malgré l’ampleur pharaonique du projet, il est très difficile pour des investisseurs étrangers d’y participer. Heureusement, d’autres initiatives publiques aux États-Unis, au Canada, en Europe, en Australie, en Nouvelle-Zélande et au Royaume-Uni offrent des alternatives pour les investissements dans les infrastructures.

Le projet de « nouvelle Route de la Soie » (également appelé « Initiative Route et Ceinture » ou BRI) est un ambitieux projet chinois de développement des infrastructures. Il concerne 78 pays en Asie, en Afrique et en Europe. Ce projet consiste dans la construction d’infrastructures sous la forme d’un vaste réseau de routes, de chemins de fer, de ports maritimes, de réseaux électriques, d’oléoducs et de gazoducs et de projets d’infrastructures connexes.

En reliant aux pays voisins ses régions frontalières moins développées, comme le Xinjiang, la Chine espère en accroître l’activité économique. La BRI ouvre de nouveaux marchés pour les produits chinois, offrant à leurs fabricants des voies d’exportation rentables. Investopedia estime que, même si la Chine continue de présenter la BRI comme un projet global de développement régional, de nombreux pays la perçoivent comme une manœuvre stratégique de la Chine visant à augmenter son importance et son contrôle au niveau régional, ainsi que de jouer un rôle plus important au niveau mondial en construisant et en contrôlant un réseau commercial centré sur la Chine.

Selon WorldNews Era, un nombre croissant de pays emprunteurs de la BRI sont poussés au bord de l’insolvabilité par le ralentissement de la croissance mondiale, la hausse des taux d’intérêt et des niveaux d’endettement record. En conséquence, la Chine a accordé un volume sans précédent de « prêts de sauvetage » afin d’éviter que les plus grands emprunteurs de la BRI ne fassent défaut. En parallèle, les créanciers occidentaux de ces pays reprochent à la Chine de bloquer les négociations sur la restructuration de la dette.

Selon une étude réalisée par des chercheurs d’AidData, de la Banque mondiale, de la Harvard Kennedy School et de l’Institut de Kiel pour l’économie mondiale, la valeur de ces renflouements souverains s’est élevée à USD 104 milliards entre 2019 et la fin de l’année 2021. Toujours selon l’étude, sur une période plus longue, entre 2000 et fin 2021, ces renflouements en faveur des pays en développement ont totalisé USD 240 milliards.

Alors que Pékin sollicite le soutien international pour son Initiative Mondiale pour le Développement et son Initiative de Sécurité Globale (ISG), on remarque que les pays qui s’engagent à ses côtés sont presque invariablement aussi des débiteurs des créanciers chinois dans le cadre de la BRI. Le Cambodge, la Mongolie, Cuba, l’Uruguay, le Nicaragua et le Belarus ont ainsi tous manifesté leur soutien à l’ISG lors de récentes réunions, a déclaré Alice Ekman, analyste principale à l’Institut d’études de sécurité de l’Union européenne. Tous ces pays sont également des membres importants de la BRI.

Opportunité d’investissement ?

Bien que la BRI constitue le plus grand projet d’infrastructure gouvernemental au monde, les investisseurs auront du mal à participer à son financement. En effet, les entrepreneurs et les matériaux utilisés dans le cadre de la BRI sont principalement chinois, alors que le financement est généralement limité aux banques chinoises et à la Chine elle-même.

Force est de constater que, malgré son ampleur, sa portée et ses implications politiques, la BRI n’offre pas d’opportunité d’investissement.

La bonne nouvelle, c’est que d’importantes initiatives soutenues par les gouvernements aux États-Unis (notamment avec la loi américaine sur l’investissement dans les infrastructures et l’emploi représentant un paquet de USD 1’200 milliards), au Canada, en Europe, en Australie, en Nouvelle-Zélande et au Royaume-Uni offrent, elles, de nombreuses possibilités d’investissement et constituent un puissant moteur pour les investissements dans les infrastructures.

Parmi les sociétés qui devraient profiter des largesses des gouvernements, nous pouvons citer NextEra, RWE ou encore EDP Renovaveis qui vont déployer d’importantes capacités de renouvelables aux Etats-Unis au cours des 10 prochaines années et seront donc éligibles aux crédits d’impôts américains dans le cadre de l’Inflation Reduction Act récemment voté. De l’autre côté de l’Atlantique, les grands développeurs d’énergie verte tels que Orsted, Engie, EDP Renovaveis ou encore Enel tireront profit de mesures similaires en Europe. Une part importante des subventions européennes est également destinée au marché du digital sur lequel Cellnex et Inwit sont des acteurs proéminents via leur parc de tours de télécommunication.