Petites & Moyennes capitalisations: Attention à la complaisance !

Malgré un certain optimisme chez les opérateurs, l’environnement macroéconomique reste plutôt faible et la croissance devrait ralentir en 2024. La grande question est de savoir si l’atterrissage se fera en douceur ou de façon plus brutale. La prudence semble donc de mise au cours de la première moitié de l’année, même si les baisses de cours seront autant d’opportunités de compléter des positions.

Attention à la complaisance !

Comme le montre l’indice VIX à 13-14 actuellement, la volatilité reste très faible ce qui semble indiquer une certaine complaisance sur le marché. En effet, on peut craindre que l’inflation ne persiste plus longtemps qu’attendu, notamment en raison des hausses de salaire, ce qui pourrait également entraîner à court terme une hausse temporaire des taux, contrairement aux attentes peut-être trop optimistes du consensus.

De plus, les petites et moyennes entreprises doivent faire face à une augmentation de leurs coûts de financement, ce qui génère des problèmes de liquidité qui pourraient déclencher des ventes forcées d’actifs immobiliers, voire des faillites.

Par ailleurs, si la consommation est restée forte en 2023, cela pourrait changer en 2024. D‘ailleurs, compte tenu du panorama économique, il est étonnant que la distribution ait été le meilleur secteur en 2023. Les ménages pourraient changer d’attitude en 2024, en consommant moins pour augmenter leur épargne et réduire leur endettement.

Enfin, compte tenu de la hausse des rendements, l’allocation d’actifs risque de changer. Après le fameux « TINA », qui a concentré tous les investissements sur les actions, nous sommes désormais passés à une période de « TARA », avec des alternatives raisonnables à la bourse, notamment en ce qui concerne les placements obligataires. On devrait donc voir à l’avenir des portefeuilles plus équilibrés, avec une part actions plus modérée.

Nous restons relativement prudents après le rally de fin d’année, car il faut s’attendre, au moment de la publication des résultats du 4ème trimestre en février, à des révisions à la baisse des prévisions de bénéfices. A cet égard, les risques de baisse sont plus élevés aux USA, avec des prévisions de croissance des bénéfices de 11% pour le S&P 500 en 2024 qui semblent (trop) optimistes. Les attentes pour l’Europe paraissent plus réalistes, avec une prévision de croissance de +6.7% pour le Stoxx Europe 600.

En raison de ces mauvaises surprises potentielles, de l’élection présidentielle américaine et des tensions géopolitiques qui empirent partout dans le monde, il faut s’attendre à une augmentation de la volatilité en 2024. Ce contexte peut toutefois offrir des opportunités d’achat attrayantes, raison pour laquelle nous conservons une position en cash élevée (de l’ordre de 10% actuellement).

Un positionnement plus prudent

Dans un environnement peu enthousiasmant, nous adoptons un positionnement équilibré, qui devrait permettre de répondre aux différents scénarios possibles. Nous nous concentrons également sur des tendances séculaires, moins sensibles au cycle économique. Pour ce qui est des entreprises, nous privilégions la qualité, avec une préférence pour des bilans solides, des modèles d’affaires résilients et un management ayant fait ses preuves.

En pratique, cela se traduit par une sous-pondération des valeurs de consommation cyclique, tout en restant prêts à augmenter nos positions dans les valeurs cycliques, si le soft landing espéré se concrétise et si les stocks recommencent à se reconstituer. En cas de baisse de marché, nous profiterons également du recul des valeurs de croissance. Afin de nous prémunir contre les risques géopolitiques, nous ajoutons une exposition à l’énergie. Nous profitons de la taille maniable du fonds pour rester agiles et profiter des opportunités qui se présentent.

Une classe d’actifs largement sous-évaluée

Malgré cette attitude conservatrice, nous restons très positifs sur les petites et moyennes capitalisations et ce pour de nombreuses raisons :

  • Valorisation. Les petites et moyennes valeurs sont bon marché en comparaison avec les grands titres. Alors qu’elles se traitent usuellement avec une prime sur le PE de l’ordre de 10% à 20%, elles se négocient aujourd’hui avec une décote. Une telle situation est très inhabituelle et ne dure généralement pas.
  • Rendement élevé. Le rendement des bénéfices et le rendement du dividende du Stoxx Europe 600 sont de 8% et 3.4% respectivement, contre un rendement d’un emprunt gouvernementale allemand de 2.2%. On observe le même phénomène dans le cas du S&P 500, avec des rendements respectifs de 4.9% et 1.5%, comparés à 4.1% pour un bon du Trésor à 10 ans.
  • Sorties de fonds. Les sorties de fonds de cette classe d’actifs se prolongent depuis plus de 2 ans, un laps de temps exceptionnellement long (qui dépasse même ce qu’on a observé après la crise financière de 2008-2009).
  • Timing. Les petites et moyennes capitalisations ont tendance à surperformer les grandes capitalisations durant la phase de ralentissement et de redressement du cycle économique. Il semble improbable que les petites et moyennes valeurs sous-performent les grands titres pendant une 3ème année consécutive et le moment semble venu d’augmenter la pondération de cette classe d’actifs dans les portefeuilles.